Evadez-vous de l'île fantôme
Après des années sans rien publier en dehors du web (passent par là les enfants, la vie de famille, les obligations professionnelles…), on m’a parlé un jour d’une éditrice de Hachette Heroes (le label pop culture de Hachette) qui cherchait des auteurices de Livres dont vous êtes le héros. C’est ma spécialité : à tout hasard, je pris contact.
L’échange fut prolifique. Elle me demanda de lui envoyer quelque chose de déjà écrit dans ce registre, pour qu’elle puisse se faire une idée. Justement, je travaillais alors sur un vague LDVELH se déroulant dans une Marseille post-apo. Je lui en envoyai un bout. Elle apprécia mon style et la structure de l’intrigue et me proposa le cahier des charges suivant : un escape book (livre-jeu d’énigmes calqué sur le principe des escape games) se déroulant dans un huis-clos dont on devait s’échapper, avec une navigation en paragraphes numérotés comme un LDVELH. J’avais carte blanche sur le contenu, l’histoire, le world building. J’adore les escape et l’idée de créer mon propre univers, pourquoi pas le premier jalon d’une collection de romans, me tentait beaucoup… je signe !
J’ai tout de suite eu l’idée de situer le mystère sur une île – un décor assez classique, mais qui me fascine depuis toujours. Mes sources d’inspiration furent bien sûr L’île mystérieuse de Jules Verne, mais aussi les jeux vidéo Myst ou The Witness. J’y ajoutai une bonne dose de philosophie, puisqu’on allait y explorer la notion de libre arbitre. En créant l’intrigue et le gameplay, je me rendis compte qu’il allait falloir un grand nombre d’illustrations. J’obtins de travailler avec une amie, Serena Blasco, autrice des BD Enola Holmes, qui allait donner une formidable identité visuelle à L’île fantôme.
Aujourd’hui encore, je considère que c’est ce que j’ai écrit de meilleur, notamment parce que j’ai eu une grande liberté de ton grâce à une éditrice épatante qui a su corriger mes défauts tout en ne dénaturant pas le texte. Les avis et critiques furent dithyrambiques (voir ci-dessous), et si la partie énigmes est considérée comme difficile, je pense que ça lui donne une certaine “aura” auprès des lecteurices les plus expert.es.
Malheureusement, si les ventes ont été très correctes à mon échelle (autour de 3000 exemplaires) elles furent jugées insuffisantes par Hachette pour envisager des suites. C’est dommage, j’avais prévu plein d’autres îles à explorer dans le même univers. Ce sera pour un jour futur, peut-être.
